💥 Chez Monster, les salariés ont découvert la liquidation la veille. Par la presse. Par LinkedIn. Je comprends pourquoi. Et ça me hante encore. Parfois, le Code de commerce t’impose le silence (art. L.631-1 sq.). Souvent, la moindre fuite peut être requalifiée en sabotage ou en banqueroute (L.654-2). Résultat : le dirigeant marche sur des œufs. J’ai liquidé ma société il y a quelques mois. Pas une multinationale. Mais l’omerta, elle, fonctionne pareil. Même mécanique. Même mur de silence. 👉 Si tu dis trop tôt que la boîte va mal, tu fais fuir les clients, paniquer les partenaires. Et on peut te reprocher de saboter l’entreprise. 👉 Si tu attends trop, tu trahis la confiance de ton équipe. Et le jour où ça tombe, ils vivent ça comme une trahison. J’ai essayé d’être transparent. Chaque vendredi matin, je faisais le point. Toujours les mêmes mots. Mais jamais la même écoute. Sur 7 personnes, j’ai eu 3 versions de l’histoire. — Ceux qui voyaient le crash. — Ceux qui disaient “j’ai connu pire”. — Et ceux qui sont restés dans le déni jusqu’au bout. Je m’étais fixé une règle : tout dire, avec 48h de retard. Le temps de digérer, de structurer, de pouvoir répondre sans hésiter. Et surtout, dire "je sais pas" quand je savais pas. 📍 “Quand est-ce que les salaires seront versés ?” Je savais pas. C’était au liquidateur de traiter avec l’AGS. Mais je savais qu’on connaîtrait son nom le lundi suivant. Alors j’ai dit : “Préparez vos documents. Je compile tout dans un dossier, et je transmets le jour même.” Ce que j’ai raté ? J’ai pas fait assez de 1–1. J’avais peur de ce que j’allais entendre. Peur des émotions. Aujourd’hui, je comprends les dirigeants qui ne disent rien. Parce que le jour de la liquidation, on n’a plus le volant. Les salariés et les dirigeants sont dans deux salles différentes. Chacun aura le droit à sa propre houle. Monster, c’est le nom qu’on connaît tous. C'est un signal. Mais combien d’autres vivent la même chute, sans bruit ? Parfois dans une RC bien ficelée. Parfois dans une rafale de démissions, sans que personne ne pose de questions. On n’est plus concurrents. On rame tous dans la même barque qui prend l’eau.